Rock The Bells

Après quatre ans à enchanter la Californie avec des affiches de rêve, le festival de rap Rock The Bells a décidé de s’exporter en cette fin d’année 2008 en Europe. Annoncé assez discrètement, la date parisienne du 10 novembre accueillait notamment Nas, De La Soul, Mos Def et les revenants The Pharcyde. Première surprise au vu du casting, le Zénith n’est pas plein. La faute à un tarif prohibitif ? Au pont du 11 novembre ? Aux nombreux concerts rap programmés à cette période ? Le mystère reste entier… d’autant que le spectacle était au rendez-vous.

Réuni pour la première fois depuis dix ans cet été à l’occasion de l’édition mère du festival, The Pharcyde constituait un peu l’inconnu de la soirée. Leur entrée en grande forme sur leur classique Runnin’ a tôt fait de nous rassurer et de mettre tout le monde directement dans l’ambiance. Un petit parfum de nostalgie nous enrobe aussi avec Drop et son charme old-school. Les quatre MC de Los Angeles n’ont rien perdu de leur habileté au micro et laisse même un peu le public sur sa faim quand ils quittent la scène après 35 petites minutes de show et un très bon I’m That Type of Nigga.

De La Soul à l’énergie
La pause est de courte durée et la fête repart de suite avec l’apparition des trois De La Soul. Mase est derrière les platines, tandis que Posdnuos et Trugoy occupent le devant de la scène. En talentueux entertainers, ils font crier et chanter la foule dans un esprit hip hop festif. Les tubes défilent sans compter et ce sont toujours Me, Myself and I et Ooooh qui remportent le plus de succès dans la salle. Le public est d’ailleurs très réceptif et ne cache pas son plaisir. Malgré des problèmes de micro qui limitent les interventions orales de Mase et une grosse colère sur l’ingénieur du son, le groupe livre sa partie sans retenue.

Accompagné de deux DJ, Mos Def sa lance ensuite dans un style plus sobre. L’ambiance retombe alors un peu le temps de se laisser séduire par cette nouvelle atmosphère dans laquelle une partition plus musicale et moins énergique se joue. Les efficaces Ms Fat Booty ou Definition, malheureusement sans Talib Kweli, aident aussi à rentrer dans le concert. Le style entre rap et chant du rappeur, notamment sur Umi Says, constitue l’originalité de cette partie de la soirée. Les DJ derrière lui concoctent aussi quelques interludes de tubes reggae ou autres sur lesquelles Mos Def improvise tranquillement. Le New-yorkais en profite pour livrer quelques extraits plutôt prometteur de son album à venir, intitulé The Ecstatic.
Pour attendre jusqu’à l’arrivée de Nas, Scratch des Roots fait une impressionnante démonstration de beatbox et Supernatural nous livre une improvisation, inspirée par des objets tendus par les premiers rangs de la salle, de haute volée.

Nas enchaîne les tubes
Après quelques problèmes techniques à l’installation du matériel de DJ Green Lantern, Nas fait enfin son entrée sur scène. Habillé simplement, petite lunette qu’il ôtera rapidement, le rappeur du Queens déroule ses rimes sobrement. Il envoie les titres à la volée, se limitant souvent à un couplet et un refrain. Toutes les périodes y passent, le public se réjouissant d’entendre ses premiers morceaux comme N.Y. State of Mind, The World is Yours, The Message, If I Ruled the World ou Affirmative Action. Malgré sa qualité, ce défilé de tubes n’est pas complètement satisfaisant. Là où les précédents artistes avaient réussis une bonne synthèse, Nas pêche par excès d’exhaustivité. Il n’en néglige pas pour autant les spectateurs avec lesquels il communique sincèrement. Un respect qu’il montrera jusqu’au bout en tentant d’extorquer quelques minutes de concert supplémentaire aux organisateurs… en vain.
Malgré le petit bémol du show de Nas, la soirée fut une franche réussite et la qualité au rendez-vous. Espérons que le fait de ne pas afficher complet ne refroidira pas les organisateurs pour l’an prochain.

Texte : Raphaël R.