Music Review
Au sommaire de cette sélection musicale, signée Aaron3000 :
Why? - The Early Whitney Ep
Pase Rock - Bullshit As Usual
One Little Plane - Sunshine Kid
Flying Lotus - Los Angeles
_
_
Why? - The Early Whitney Ep
Indubitablement, les filiations musicales pourvoient l’inceste là ou elles perdurent pour certains. Chaque cas n’est point généralité. Dans la famille Anticon, Why? balaie le cliché de l’interrogation musicale. L’anti-conformisme pour cette jeune génération, point de chute pour un Ep surréaliste au mysticisme latent répondant au nom d’Early Whitney. Le langoureux s’efface devant cette fusion idéologique, symbiose délicate, Why? parcourt son existence, par le biais de l’onirisme comme marque de fabrique. Rêver impose ses règles les plus formelles que l’on se doit de respecter . Yoni Wolf se voit perpétuer la tradition familiale. Retrouve un disque dans la cave de la synagogue de son père et aime la poésie de mauvais goût. Jusque là, nous restons dans la communication. Celle des sentiments s’avère plus délicate. Bien. Yoni Wolf est un producteur atypique, migre ici et là, et ne semble jamais vouloir y (re)poser ses synapses (travaillant en compagnie de Hood, Fog, DJ Krush, Boom Bip, Sole, Dept. of Eagles, et 13+God). On pourrait se demander la cause d’une telle redite. S’appesantir sur le passé requiert parfois autant de réflexion et d’émotion que l’observation de la vie nocturne de mon couple bancal de voisins. On y entrevoit ce que l’on veut. Les familles se rejoignent. Why? contre mes voisins. Ou pourquoi trouver du sens, je frissonne d’ores et déjà. Les déstructurations sont mentales et sensorielles, les claviers planants, les crescendos vocaliques, une loop de billet froissé. Le tout suffit à omettre l’addiction au trop “élitiste”. D’où cette particularité quasi destructrice qui aurait eu (?) raison de l’arachnée.
Le futur aura peut-être raison de ces heures passées. La contemplation en somme. Why?, fer de lance générationnel déjà dans le vide, comme inconnu, malléable, s’envole à la moindre brise. Les notes tenues ne suffisent plus. Ravivons donc à notre mémoire, les cendres de ces dernières, car déversées parmi les autres, fredonnées puis oubliées, on ne les entend plus comme vérité acquise. Un peu comme mes voisins s’écharpant, finalement. Les disparités ont du bon.
Pase Rock - Bullshit As Usual
La question reste incertaine quant au sujet. Revenir en arrière, comme réflexion subjective pour y entrevoir les possibles résurgences. Pase Rock est de ces électrons libres qu’on devine brièvement, quelque part entre le combo psyché de ses premières armes au sein de Five Deez et de cette sueur électrisante des collaborations futures, et ce, notamment en compagnie de Spank Rock. Cependant, avant d’aborder l’existence sonore sous l’angle parfois obtus d’un Boom Bap survitaminé, Pase Rock a su marquer du sceau de l’intemporalité la catalogue extrêmement fourni des élucubrations virevoltant entre vibrant alto et snare sale et redisposer les éléments de ce facteur d’émancipation et dépoussière par la-même les clichés matraqués par le travail “copier-coller” de ses pairs. Et cette volonté parfois vécue comme inconsciente se voit seconder par dix doigts d’une féerie majestueuse du dit Nujabes. Là ou encore certains convolaient vers les cieux obscurantistes New Yorkais mis en exergue par les fines lames de Cannibal Ox et autres fiers soldats d’ el-p et Def Jux, Hyde Out rivalisait encore d’ingéniosité, archéologues du sillon.
Par ici, il nous faut reconnaître la sensibilité du beat maker qui paraîtra absconde pour beaucoup sur les morceaux de bravoure sensorielle (Relax, Sunrise intro) et témoignages d’une appréciation avant-gardiste (Post World). On ne saurait conseiller l’obtention de cet opus que pour la simple et merveilleuse excuse d’enrichir, seul, un univers morne de sens, désert à l’aspect omniscient.
One Little Plane - Sunshine Kid
Comme si cela ne suffisait pas, Kathryn Bint décline l’essai sonore sensible.
Proche de Kieran Hebden ( Four Tet, Fridge entre autres), aperçue sur le remix du très psyché Melody Day de Caribou en compagnie de Luke Lalonde et du dit Kieran, One Little Plane offre douceur et nonchalance.
S’il suffisait d’être sensoriel. Et bien ici, le qualificatif est égal à sa peine. Comme pied de nez aux sirupeuses combinaisons guitare-voix maintes fois usitées, Bint exprime sans forcément expliciter. Le soulagement et la plénitude enfin, embrasement contextuel sur ce Sunshine Kid et autres tels l’écho d’une non moins fameuse Joni Mitchell. Il est étrange de soliloquer en sa présence fictive. Seul et entouré sans nul doute. Quelque part. La verdure comme voix de la simplicité. Encore faut-il la rendre florissante.
On évitera l’écueil du trop vite, trop beau, achetons… Il semble utile d’aborder néanmoins la quintessence, celle qui pousse Bint à phagocyter Mitchell, sans en être son parasite latent. Le conditionnement a du bon. Sans nul doute.
Flying Lotus - Los Angeles
Steve Elssund est un homme interstellaire, à part, chaque poussière d’étoiles, disséminées, se diffusent tout au long d’un Los Angeles, attendu, repoussé. Brillant est le qualificatif d’usage notamment lors de son premier 1983 aux allures d’apogée pour le jeune producteur. Atteindre le paroxysme si vite. trop vite ? On s’y brûlerait les ailes.
Rythmiques concassées, fractures nettes des mélopées, on pense très vite au jeune Elssund assommé des structures dissonantes de Sun Ra. L’acidité d’une chambre au goût stellaire. Répétons-le. Pour s’impliquer dans une épreuve de force, voyage aux confins du cliché, Elssund a beau rivaliser d’ingéniosité, ce dernier n’évite cependant pas la redondance. Nul n’ est prophète. Le sort de l’album reste entre nos mains. Résident néanmoins ces morceaux extatiques, flirtant avec la résurgence post- Free Jazz (Something Stellar) concomitant aux preuves d’un downtempo latent et obscur (Roberta Flack en compagnie de Duffy ou encore Auntie’s harp sublimé par l’épouse de Daedelus, Laura Darlington). Alors l’évidence nous pousserait à y entrevoir le cosmique, le doigt de Dieu effleurant le brillantissime. Nul n’est prophète.
A force d’y entrevoir le génie à chaque coin, la quidam s’efface parfois devant l’usage de la simplicité. Cela égaiera néanmoins les nuits d’été. A la recherche de…
Texte : Aaron 3000
| 27.12.08| commentaires|
No Comments, Comment or Ping
Reply to “Music Review”
Articles similaires
♦ Music Review - Music Review
16 juin 2009
♦ Music Review - Music Review
21 février 2009
♦ Music Review - Music Review
8 décembre 2008
♦ Music Review - Music Review
27 janvier 2009
♦ Music Review - Music Review
5 novembre 2008